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L'homme le plus riche de Norvège se fait chypriote

Surnommé "l'Onassis des temps modernes", John Fredriksen est à la tête de la plus grosse flotte mondiale de superpétroliers, propriétaire de plates-formes pétrolières et depuis peu leader mondial de l'élevage de poissons.

Le Monde | 20.06.2006 à 15h33 • Mis à jour le 21.06.2006 à 17h28 | Par Olivier Truc - STOCKHOLM CORRESPONDANCE

John Fredriksen peut se vanter de provoquer un beau tollé en Norvège. Surnommé "l'Onassis des temps modernes", cet armateur de 61 ans est l'homme le plus riche de Norvège. Il est à la tête de la plus grosse flotte mondiale de superpétroliers, propriétaire de plates-formes pétrolières et depuis peu leader mondial de l'élevage de poissons.

Oui, mais il vient d'abandonner son passeport norvégien pour prendre la citoyenneté chypriote. Un comble quand pétrole. gaz et poissons d'élevage sont les principaux produits d'exportation de la Norvège.

Les motivations exactes de M. Fredriksen restent mystérieuses car il s'est fait une spécialité d'éviter les journalistes, mais il y a peu de doutes que des raisons fiscales ont motivé sa décision.

Cette histoire a relancé le débat sur l'imposition en Norvège. La fiscalité pousse les grandes fortunes du royaume à chercher des pays à la fiscalité plus douce. Plusieurs armateurs norvégiens se sont, du reste, installés à Londres ou à Singapour .

Jusqu'à une date récente, les Norvégiens résidant à l'étranger pouvaient vivre en Norvège jusqu'à six mois par an sans avoir à payer d'impôts dans le pays. Depuis l'automne 2005, un gouvernement de coalition dirigé par les travaillistes avec les centristes et le Parti socialiste de gauche a fait instaurer une nouvelle règle qui stipule qu'un Norvégien qui passe plus de 90 jours par an en Norvège sur trois ans doit payer ses impôts en Norvège.

Herbjørn Hansson, ami et collègue de M. Fredriksen, a déclaré au quotidien Aftenposten que celui-ci s'était senti maltraité par les autorités norvégiennes. "Si nous voulons faire fuir les gens et le capital de Norvège, c'est la bonne façon. La règle des 90 jours a été faite pour contraindre Fredriksen à revenir en Norvège."

Depuis longtemps déjà, M. Fredriksen dirige ses multinationales depuis l'île de Chypre afin d'éviter le fisc norvégien, tandis que sa résidence habituelle est en Grande-Bretagne .

S'il s'est lancé depuis peu dans le domaine de l'élevage de poissons, dont il est devenu le leader mondial à la suite d'acquisitions-fusions, cet homme dont la fortune est évaluée à près de 5 milliards d'euros est surtout à la tête de Frontline, la plus grosse flotte de superpétroliers au monde. et de SeaDrill, un groupe de services pétroliers propriétaire de plates-formes.

Ces deux groupes, bien qu'enregistrés dans le paradis fiscal des îles Bermudes, sont cotés à la Bourse d'Oslo. Une raison supplémentaire qui a pu faire renoncer M. Fredriksen à la nationalité norvégienne est que si la règle des 90 jours avait pu lui être appliquée pour faire de lui un contribuable norvégien, les compagnies Frontline et SeaDrill, dès lors propriétés à plus de 50 % de contribuables norvégiens, auraient dû payer leurs impôts en Norvège.

Le dernier élément dans cette épopée fiscale norvégienne n'est sans doute pas celui qui pèse le moins. en devenant citoyen chypriote, M. Fredriksen profite de la législation locale qui fait que les droits de succession sont quasiment inexistants tandis qu'en Norvège, ils s'élèveraient dans son cas à 20 % de l'héritage.

Le Parti du progrès (droite populiste), principal parti de l'opposition et partisan de longue date d'une forte réduction des taxes fiscales, accuse le gouvernement, et particulièrement le Parti socialiste de gauche, de harcèlement à l'encontre de M. Fredriksen.

L'accusation n'a pas ému Jens Stoltenberg, le premier ministre travailliste. "Cela n'a pas effleuré mon esprit. a-t-il déclaré, d'ajuster le système fiscal pour faire en sorte que John Fredriksen puisse éviter les impôts, car ce sont précisément des gens comme lui qui devraient en payer."